Dans le fascicule XII (Aude) de la Carte archéologique de la Gaule romaine (1959), p. 183, n° 118, M. Albert Grenier cite l'épitaphe d'un O. Valerius] Vollfinia tribu). La mention de la tribu Voltinia, qui est celle de Carcassonne, démontre que la haute vallée de l'Aude relevait de cette cité et non de celle de Narbonne. J'avais en 1942 remarqué et examiné ce fragment d'inscription funéraire à Montazels, encastré dans la muraille d'une dépendance du château de cette localité à l'intérieur d'un cadran solaire peint sur le mur. J'avais émis l'hypothèse que cette inscription proviendrait de l'oppidum voisin de Rennes-le-Château (Bhedae), et j'en avais donné la reproduction et la lecture dans Bull. Soc. arch. Midi de la France (Toulouse), 3e série, IV, 1942, p. 371 ; et V, 1, p. 87.

Dans IW ppendice épigraphique placé à la fin de ce fascicule, p. 225, n° 125, M. A. Grenier revient sur cette inscription avec plus de détails, en donne les caractéristiques d'après mon relevé et ma lecture. Mais il a pensé devoir contester celle du nom propre Vossalicc[i\is] à la dernière ligne, après le mot annor[um] à la ligne précédente. J'avais constaté que ce nom propre se trouve dans une inscription d'une autre région du Languedoc découverte à Calvisson (près de Nîmes), reproduite par Lebègue, Hist. gên. Languedoc XV. p. 1061, n° 1813 et

par Espérandieu, /. L. N., 540. Il préférait à cette place, après la mention annor[um], suivie, sans doute d'un chiffre, la formule Ossa til bi bene quiescant]. Les deux CG résulteraient d'une lecture défectueuse.

Je me suis rendu un jour de l'automne de 1959 au château de Montazels pour vérifier ma première lecture par un nouvel examen. J'ai pu constater son exactitude : les lettres du fragment en place bont d'une conservation et d'une netteté qui ne peuvent permettre aucune erreur. En outre, j'ai eu la bonne fortune de pouvoir relever un deuxième fragment de la même inscription découvert récemment, par les propriétaires du château, parmi des décombres, dans la cour. Il complète en grande partie le premier fragment encastré dans le mur. Il contient la suite de ses 3e et 4e lignes, et deux lettres de la suite de la 2e.

Voici comment se présente l'inscription ainsi complétée (fig. 1) : 

Fig. 1. — L'inscription de Montazels 

268

DOCUMENTS COMMENTÉS

Hauteur du 1er fragment : environ 0,40 ; largeur : 0,40 ; épaisseur impossible à contrôler, la plaque étant encastrée.

Hauteur du 2e (partie conservée) : 0,29 ; largeur : 0.31 ; épaisseur : 0,03.

Hauteur des lettres : lre ligne, 0,07 ; 2e et 3e lignes : 0,0(1 ; — Hauteur de la dernière ligne au-dessus du bord inférieur de la plaque : 0,08 ; ligature MAT.

Les deux fragments sont du même marbre blanc. Le marbre du fragment encastré a gardé son poli intact. La surface du 2e fragment est un peu usée et ^alie. Les lignes conservées de ce dernier correspondent complètement à celles du 1er. Les hauteurs des lettres sont les mêmes, ainsi que la hauteur de la dernière ligne, au- dessus du bord inférieur. Les deux côtés de la fracture ne correspondent pas tout à fait. La brisure en a altéré les lèvres.

On peut proposer pour l'ensemble la lecture suivante :

Q(uinto) Valer[io] [—] / Volt(inia) Cas {sianot} I annor(um) XXVII j V ossaticc[i]us Mater(ni) f(ilius) « A Quintus Valerius Cassianus (?) de la tribu Voltinia, âgé de 27 ans, Vossaticcius, fils de Maternus ».

A la fin de la lre ligne, il reste un espace de plusieurs lettres où pouvait être inscrite la filiation de 0. Valerius: [Q(uinti) fil(io)>.

A la dernière ligne, il faut sans doute lire Vossaticcius plutôt que Vossaticcus. Le nom figure sous cette forme dans l'inscription de Cahisson signalée plus haut. L'i entre Vossalicc et as a dû disparaître dans la brisure de la plaque. Vossaticcius est un dérivé de Vossaticcus, qui paraît un nom celtique.

J'ai communiqué mes observations à M. Albert Grenier qui a complètement approuvé cette lecture après mon nouvel examen de ce document épigraphique.

Ravmond Lizop.